Les cliniques mauriciennes aident à réduire le nombre d’amputations du pied dues au diabète
Port Louis – Parmi les conséquences sévères des complications dues au diabète figure le risque de devoir amputer un membre inférieur. Des nerfs lésés ou un flux sanguin réduit jusqu’aux pieds peut causer des ulcères susceptibles de s’infecter et, dans les cas sévères, de résulter en une gangrène partielle ou sévère. À Maurice, près de 500 amputations sont effectuées chaque année, alors que 85 % d’entre elles peuvent être évitée.
Afin de promouvoir les soins médicaux du pied et d’éviter les amputations, le gouvernement a ouvert en 2010 un Centre de santé diabétique et vasculaire au sein du principal hôpital dans le sud de cette île de l’Océan indien. Sept cliniques supplémentaires de ce type ont été établies au cours de la dernière décennie. Des services de soins améliorés du pied, ainsi que des formations des agents de santé, ont réduit le nombre d’amputations chaque année. En 2018, ce nombre avait été légèrement réduit pour atteindre 450. Le taux de guérison d’ulcère du pied en moins d’un mois a augmenté de 60 %.
« Au cours des cinq dernières années, d’énormes progrès ont été réalisés en termes de structuration des soins cliniques du pied diabétique partout à Maurice et aujourd’hui les patients atteints de diabète bénéficient de normes de gestion », explique Dr Yaasir Ozeer, chef du Centre de santé diabétique et vasculaire.
Plus de 60 000 patients atteints de diabète ont consulté les diverses cliniques de soins du pied diabétique et les structures de santé primaire du pays en 2019. Les cliniques de soins du pied ont enregistré environ 25 000 visites pour le traitement d’un ulcère du pied diabétique. Les contrôles du pied sont destinés à détecter une neuropathie diabétique ou des lésions nerveuses, ainsi qu’une vasculopathie diabétique (lésions des vaisseaux sanguins).
Les soins aux patients fréquentant les cliniques dédiées aux pieds diabétiques varient de la fourniture d’informations sur la détection des signes d’ulcères, au traitement d’ulcères du pied ou de contrôles annuels – ou de consultations plus régulières suivant la catégorie de risque du patient – y compris la sensibilisation à des modes de vie plus sains tels que l’arrêt du tabagisme et la réduction de la consommation de sucre, de sel et de graisses.
« Je craignais de devoir être amputé de l’orteil », raconte Boyragee Kailashsingh, 65 ans, qui a s’est blessé en 2018 en sortant de sa voiture. Il a consulté le Centre de maladies vasculaires et du diabète.
« Mon orteil est désormais guéri. Mais je me rends toujours au centre pour des contrôles réguliers. Nous avons la chance d’avoir droit gratuitement à des services spécialisés dans les soins du pied à Maurice. Cela m’aurait coûté énormément d’argent dans une clinique privée », précise-t-il.
L’amputation d’un membre peut être évitée grâce à une détection précoce, un examen régulier, un contrôle de la glycémie et un traitement rapide des ulcères qui se détériorent. Mais il est aussi essentiel de disposer d’un personnel spécialisé pour traiter les ulcères, de même que d’une capacité de soins des cas compliqués ou de la gestion de l’aggravation d’ulcères qui peuvent nécessiter une amputation, relève Dr Ozeer.
« Notre rôle ne se limite pas au pansement et au traitement des plaies, mais s’étend à une approche plus holistique afin de s’assurer que les patients adhèrent à la longue et pénible gestion de leur ulcère du pied », explique Dr Ozeer. « Malgré tous les défis auxquels nous faisons face, nous gardons le sourire pour aider nos patients à conserver leurs pieds [en bonne santé]”.
Un Mauricien sur cinq présente un diabète de type 2 [le plus répandu de deux types, qui survient lorsque le corps ne peut pas utiliser efficacement l’insuline qu’il produit]. Partout en Afrique, les facteurs de risque de diabète, qui comprennent l’obésité, un mode de vie sédentaire et une alimentaire riche en sucre, en graisses et en sel, sont en hausse.
En Afrique sub-saharienne, plus de la moitié de la population qui vit avec le diabète ignore sa condition. L’accès à un équipement de diagnostic de base, à l’insuline et aux médicaments demeure un défi, particulièrement dans les structures de santé éloignées. Une formation insuffisante des agents de santé au diagnostic et au soin du diabète affaiblit d’autant plus la prévention et le traitement.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soutient le gouvernement mauricien et d’autres organisations dans leur effort de prévention et de contrôle du diabète. « L’OMS promeut une approche intégrée pour combattre les maladies non transmissibles, dont le diabète, et prône des réponses multisectorielles par le gouvernement, les ONG et les agences de l’ONU », explique Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice.